Séminaire avec Rolande Pinard

rolande-pinardLe collectif Société a le plaisir de vous inviter à une conférence donnée par Rolande Pinard, chercheure indépendante et auteure de L’envers du travail (Lux, 2018) et La révolution du travail (Liber, 2000), qui s’intitule :
« L’ambiguïté du genre de l’émancipation ouvrière« 
La conférence aura lieu vendredi le 18 octobre 2019 à 14h, à la salle 5020 du pavillon Aquin, à l’UQAM. Le résumé de cette conférence se trouve plus bas.

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« D’abord pensé comme étant le masculin, il est ressorti de mon exploration sociohistorique que le genre de l’émancipation ouvrière est plutôt le féminin. Mon point de départ était : quelle a été la part des femmes des classes laborieuses dans la transformation des sens du travail ? Cela impliquait de les considérer comme sujet historique, des agentes de transformation de la société, ce qui renvoie au travail comme force collective de lutte contre le capitalisme, une manifestation de la liberté des travailleuses et des travailleurs. Je parle d’émancipation ouvrière au sens où il s’agit d’une action collective orientée vers l’affranchissement du travail complément du capital, d’une action qui sort de la logique capitaliste de production et d’organisation. L’absence des travailleuses de l’histoire du travail a occulté leur aptitude à la liberté, contre le travail. Jusque récemment, les femmes ont été considérées comme inaptes en matière de liberté, voire comme un frein à cet élan dont les hommes seraient seuls capables. L’expérience historique des femmes des classes laborieuses contredit ce préjugé.

La quête historique nécessaire pour arriver à ce constat a été rendu possible grâce au courant qui fait ressortir le rôle de femmes dans l’histoire du travail, un courant relativement récent (développé surtout à partir des années 1980) porteur d’un testament qui « assigne un passé à l’avenir » (H. Arendt). Comme cet ouvrage est le complément d’un premier consacré uniquement à des hommes, des différences d’interprétation apparaissent qui présentent un intérêt sociologique important. Le fait de tenir compte des femmes mène à une analyse plus complexe et plus compréhensive des transformations du travail. Il fait ressortir le caractère réducteur  d’une analyse centrée sur les seuls rapports de production, qui occulte la diffusion de la logique d’organisation capitaliste dans la famille, la communauté, la société. Dans la production, travail et capital sont complémentaires, ce qui n’est pas le cas dans la communauté et dans la société. Dans les formes successives de syndicalisme dominées par des hommes, les luttes ont été axées sur leur métier, puis sur leur emploi, leurs rapports avec leur patron qui ont eu pour effet de les en rapprocher plutôt que de s’en émanciper. À travers les périodes historiques concernées par ma réflexion, les luttes privilégiées par des femmes, ancrées dans la communauté, témoignent d’une meilleure compréhension de ce qu’est l’émancipation ouvrière. » (R.P.)
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