
UQAM, A-5020
« Ce séminaire s’inscrit dans la suite des deux séminaires qui furent consacrés (en 2015/2016) à la question de la pertinence des concepts d’empire et d’impérialisme pour la théorie sociologique contemporaine ainsi qu’à l’effort d’en préciser la signification. La notion de l’empire est comme celle du temps : on en use libéralement tant qu’il n’est pas nécessaire de la définir, on se perd en Polysémie quand on s’y essaie, on s’aventure en Critériologie complexe pour se retrouver et on finit en Métaphore, l’identifiant à des traits quelconques tirés de la variété des réalités historiques que tolèrent ses usages de sens commun. Retour au point de départ.
Mais la sociologie veut des distinctions, ce qui touche à la signification, et elle s’interroge sur le sens, c’est-à-dire sur le devenir historique des significations. Au moment où l’empire américain, semble-t-il, ne fait aucun doute pour personne (bien qu’il soit en chute pour ses critiques, à son apogée pour ses gardiens et en gestation pour ses utopistes), notre investigation a été commandée à l’origine par la question suivante : que faut-il faire du concept politique d’empire si l’on prend au sérieux l’hypothèse d’une transition du pouvoir au contrôle ? Ou encore : un concept qui relève de la sociologie générale de la domination politique est-il encore compatible avec une situation historique qui tend à « distribuer » l’agency et les pratiques de domination dans un système compétitif de puissances organisationnelles qui intègre les États à sa logique ?
Mon exposé partira de la sociologie de la domination politique de Michel Freitag pour situer formellement la logique d’empire dans ce qu’il appelle le premier cycle du développement politique. Je voudrai ensuite distinguer, formellement et schématiquement, les empires des temps modernes de cette gigantesque réalité historique traditionnelle afin de prendre la mesure du degré de parenté qui autorise le rapprochement. Ce sera une aventure sur la glace mince. Et je conclurai par une question portant sur cet « empire » postmoderne que l’on ne se donne plus la peine d’identifier à une métropole, à un centre ni même à l’espace : s’il a fallu des capacités (et des circonstances) politiques impériales pour mettre fin à l’ère des empires modernes, s’ensuit-il que le résultat, la neutralisation instrumentale-adaptative du politique, soit elle-même à caractère impérial ? Nomos de la terre, nomos de la mer, nomos du capital : dépassement des limites de toute géo-politique par un principe en lui-même sans limite ? Nouvelle aporie pratique ? » (G.G.)
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